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Dimanche 08 Août 2004 - Kolkatta (Calcutta)
Nous sommes arrivés dans la nuit à Bombay après 10 heures d'avion pour le transit vers Calcutta. 6 heures d'une nuit moite pour essayer de trouver le sommeil sur les sièges ou le sol de l'aéroport. Il pleut ! Normal en période de mousson mais cela dégouline des faux plafonds à l'intérieur même de l'aéroport. Nous reprenons l'avion pour 2h30 vers Calcutta.
Vers 10h30 nous prenons un taxi : " Sealdah railway station, please ". Celui-ci s'engouffre dans la circulation de la capitale. Ca vie, ca grouille de partout ! L'ambiance est pire que ce que l'on s'imagine, même en étant préparer à ça. 1er arrêt : " Sealdah hôtel ? " demande notre chauffeur dans la cour de celui-ci. " Non, Sealdah railway station, please ". Nous repartons, guidé par une circulation de klaxon. Le taxi jaune, Ambassador, frôle en permanence les camions, les tramways déraillés, les rick-shaws et les gens. Montée d'angoisses devant cet amas grouillant de personnes d'une extrême pauvreté. Nous n'échangeons pas un mot. Partout autour, ce n'est que bidons-villes, maisons rongées par la pourriture et l'humidité. Calcutta pourrait se traduire par : " Mais qu'est ce que je fous là ? ". Deuxième arrêt de notre taxi dans la gare centrale " Howrah station " (le plus grand dortoir pour sans abris de la ville) mais toujours pas notre gare de destination. Nous repartons visiter gratuitement la ville avec ce chauffeur quelques peu étourdis. Nous y sommes après plus de 1h30. Nous débarquons au milieu de ce capharnaüm de voitures, de camions et autres dameuses, direction la salle de réservation.
Nous achetons des billets pour voyager de nuit jusqu'à New-Jalpaiguri (NJP). En couchette, nous pensons récupérer notre manque de sommeil et le décalage dans le train. En attendant le soir nous sortons visiter les alentours de la gare pour nous habituer à l'ambiance (bouses, pissotières, crachats, Sarees et parapluies). La plupart des magasins sont fermés et nous avons même du mal à trouver un endroit pour nous désaltérer. Dans l'avion déjà l'alcool avait l'air banni et les mets végétariens prédominaient, cela semble être le cas également ici. Une averse seulement dans la journée mais l'air est humide et la température supérieure 30°C. Nous faisons une sieste méritée. Après un repas à moitié froid et épicé nous embarquons dans le train.
" Chouette des couchettes, nous allons pouvoir dormir ! ". C'est vite dit ! Nous devons partager notre petite place avec nos gros sacs. Il ne reste finalement que peu d'espace pour dormir. Pendant nos préparatifs, deux eunuques passent... Bonne nuit !

Lundi 09 - Phuentsholing
Pas trop mauvais ces trains indiens en fait. Pas de draps, de toute façon superflus, mais des ventilateurs de partout. Nous nous faisons remonter les bretelles par les passagers indiens, car nos pieds dépassent des banquettes trop petites. Des grilles épaisses laissent entrer l'air chaud et le vacarme assourdissant des trains que nous croisons.
Nous arrivons vers 10 heures 30 à NJP et nous faisons encore une fois assaillir par une horde de chauffeurs de taxis. Nous trouvons un peu de quiétude à la buvette de la gare. Au menu, Chapatis Masala (crêpe à la carotte trempée dans des sauces épicées) et Coca chaud. Après ce repas apaisant, nous négocions un trajet jusqu'à Phuentsholing pour 900 roupies. En Embassador s'il vous plaît, sorte de voiture ancienne de l'époque colonialiste.Nous avons bien cru mourir 50 fois sur la route. Le chauffeur ne dépasse pas les 80 km/h, mais roule tantôt à droite, à gauche, dépasse un camion qui lui-même dépasse un rickshaw dans un virage. Terrible, effrayant surtout lorsque la mousson nous rattrape et que seul un essuie-glace fonctionne... Plus loin, un camion dans le fossé fini de nous rassurer. Nous traversons des plantations de thé puis apercevons enfin après 4 heures de transport l'Himalaya à moitié caché par les nuages.
C'est aux alentours de 14 heures que nous arrivons à la ville frontière de Phuentsholing (Jaigaon côté indien). Nous posons nos affaires à l'hôtel (chiottes indian style, mais douche.. le luxe !) et filons au Bhoutan jeter un oeil. La frontière est une grande porte colorée, pleine de sculptures et qui ressemble un peu à la porte de Brandebourg à Berlin. Elle est gardée par des militaires et nous nous en approchons pleins de doutes sur ce que nous allons découvrir. Nous avons le droit de rentrer jusqu'à 5 kilomètres au delà de la frontière.
Quel changement ! Même sous la pluie battante nous trouvons du charme à cette petite ville à flanc d'Himalaya. La ville est tout de suite plus tranquille et pour notre bonheur nous trouvons même une bière bien rafraîchissante dans un salon de thé où une jeune vendeuse prépare des sachets de " doma ". Il s'agit d'une noix de bétel, enroulée dans une feuille macérées dans de l'eau non filtrée et enduite de chaux. Ce produit est mâché par tout le monde ici. La preuve en est les taches rouges qui couvrent le sol de la ville. Les bières sont fabriqués, elles, en inde mais vendues seulement au Bhoutan. Sous une pluie battante, nous cherchons une banque car nous sommes à cours de rupees. Nous arrivons 5 minutes trop tard, nous repartons donc côté Indien sans un sou en poche. Il y a 1/2 heure de différence entre les 2 villes et nous reviendrons demain dès l'ouverture. La connexion Internet était trop lente et nous n'avons pas pu ouvrir les mails pour avoir des nouvelles de notre interlocuteur à Thimphu.
Pour l'instant, il est temps de se laver et de sécher les affaires qui ont souffert des averses de la journée et nous mangeons le soir dans le restaurant de l'hôtel, très chic. Nous avons même hésité à rentrer pour aller manger dans un boui-boui mais finalement on en a que pour 1€50 par personne. Nous remontons dans notre chambre sans aération où il y fait plus chaud et humide qu'à l'extérieur.

Mardi 10 Août - Phuentsholing
Après un lever difficile nous avons passé la matinée à chercher l'office régional de géologie. La recherche fût longue mais finalement nous avons pu trouver des personnes et même avoir au téléphone, notre contact à Thimphu (la capitale). Celui-ci nous as dit qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire pour nos visas avec son responsable. Nous sommes donc bloqués quelques jours à la frontière.
Pour la première fois, il n'a pas plu de toute la journée… Une journée très très chaude mais sans la sacro-sainte averse de 15 heures à 19h heures. Ensuite, nous avons réussi à changer nos euros à la banque nationale du Bhoutan.

Mercredi 11 Août - Phuentsholing
En attendant les nouvelles de Thimphu nous sommes paris visiter un temple dans les hauteurs de la ville. La partie centrale du monastère était fermée mais des petits moines étaient présents aux alentours. Il y avait également un très beau panorama. Fred s'est fait couper les cheveux chez un indien. Le soir, nous avons eu la surprise de voir notre hôtel envahi de monde. Un vrai hall de gare ! En fait, il y avait un mariage à l'étage. Nous sommes donc allés jeter un œil et avons été immédiatement invités à la fête par le médecin de Phuentsholing, accompagné de ses deux fils. Il a fallu par contre, que nous oublions nos craintes d'occidentaux vis à vis de la nourriture et de la boisson, vu que nous avons dû faire comme tout le monde avec les mains. La soirée s'est clôturée par la " dégustation " de la doma. Ce n'est pas si mauvais en fait, mais ça anesthésie la bouche, fait tourner un peu la tête et cracher des quantités de salive rouge sang. Tout le monde voulait nous parler et nous offrir des gâteaux et desserts de toutes sortes. Nous avons même posé avec les mariés pour la photo.

Jeudi 12 Août - Phuentsholing
2 jours que nous attendons à Phuentsholing un déblocage de notre situation. Deux jours à arpenter les pentes des montagnes bhoutanaises pour tuer le temps. Deux jours à nous extasier devant les habitants vêtus du Gho traditionnel. Cela fait aussi 2 jours qu'il ne pleut pas. La chaleur est étouffante. A la moindre marche, nous sommes littéralement trempés de sueur.
Aujourd'hui, nous avons remonté l'amont de la rivière Dhoti qui baigne Phuentsholing et avons rencontré des paysans qui passaient le temps à la buvette en jouant à une sorte de petit billard qui se joue en poussant des palets avec les pouces. Passée la surprise de rencontrer des blancs, ils sont très gentils et curieux. Ils veulent savoir d'où l'on vient, ce que l'on fait comme job, si l'on est mariés, etc... Nous avons également visité une ferme à crocodiles qui sert à préserver les animaux. Ceux-ci ont disparus du Bhoutan mais pas de l'Inde.
Toujours pas de nouvelles du bureau de géologie, nous repasserons demain matin. Ce soir, orage. De grands éclairs zèbrent le ciel au loin et les coupures de courant se succèdent. Plus de ventilateurs pour dormir cette nuit.

Vendredi 13 Août - Phuentsholing
Mauvaise nouvelle que ce vendredi 13. Tout nos espoirs de rentrer au Bhoutan sont anéantis. Il aurait fallu plus de temps pour préparer les visas. Nous passons la journée à repenser notre plan de secours. Demain nous partons pour le Sikkim en passant par Darjeeling.

Samedi 14 Août - Darjeeling
Nous nous levons à 6 heures et nous arrachons de Phuentsholing, via Siliguri et un tas d'autres bleds pour Darjeeling et les montagnes, le vrai Himalaya ! Le voyage se fait en autocar, sur des sièges en bois, plus qu'étroits, et rembourrés avec des noyaux de pêches. 8 heures de voyages et de virages à travers les nuages. Entre ceux-ci ,les paysages sont cependant fantastiques. Nous montons la montagne, la route est très étroite. En bas, dans la vallée, nous apercevons des gens qui récoltent du thé. C'est vertigineux, presque effrayant, mais vraiment très beau. L'arrivée à Darjeeling se fait au-dessus des nuages. A 2500 mètres d'altitude, à la saison des pluies, les nuages s'accrochent aux sommets et diffusent une bruine rafraîchissante. On peut même sortir les polaires pour visiter la ville. Darjeeling, ville mondialement connue pour son thé est un lieu hautement touristique. Surtout pour les indiens d'ailleurs, les magasins de souvenirs foisonnent. La ville est toute en hauteur, en escalier et de ruelles en pente. On la dirait accrochée à un flanc de montagne.
Nous nous renseignons sur ce qui est permis de faire au Sikkim et les conditions d'accès. Il faudrait apparemment un permis de trek disponible seulement à la capitale : Gangtok. Nous avons choisi le Sikkim comme destination de secours, car aucune expédition spéléo n'a eu lieu dans cette région et pourtant, il y est question de grottes sacrées et il y a des zones calcaires. L'aventure continue.

Dimanche 15 Août - Gangtok
C'est la fête de l'indépendance de l'Inde. Nous sommes réveillés à 06h00 par des processions chantantes. Nous faisons le voyage Darjeeling - Gangtok (capitale du Sikkim) en jeep. Entassés dans le coffre, nous sommes ballottés et secoués comme des sacs. La descente de Darjeeling est encore une fois vertigineuse. Nous redescendons dans une vallée où coule la rivière Teesta (250m) puis la suivons un peu en la remontant et enfin montons vers Gangtok (1500m), 4 heures de route plus tard. La fête nationale bat son plein, les gens sont partout, mais tout est fermé, l'office du tourisme et les agences de trekking également. Seules ces agences peuvent nous obtenir les permis pour aller prospecter les montagnes sacrées de l'ouest, notre premier objectif. La ville ressemble par endroit à Darjeeling, juché sur une colline à flanc de côteaux.

Lundi 16 Août - Gangtok
Nous avons commencé par aller voir le service du tourisme de Gangtok, qui a appelé un jeune type. Celui-ci nous a salué d'un "bonjour" étonnant, puis nous a demandé si l'on avait déjà fait une expé spéléo aux Philippines. Stupéfaction de notre part ! Il s'est en fait avéré être le responsable d'une agence de trekking. Baishung, c'est son nom, nous a aidé à obtenir des informations sur quelques grottes, puis après avoir fait nos permis (Celui de Fred porte la photo d'un américain) nous sommes tombés d'accord pour un tour des 4 grottes sacrées du Sikkim. Nous avions déjà quelques informations et d'après celles-ci cela semble intétessant. Nous sommes tombés d'accord sur deux treks de 3 jours plus 2 grottes accessibles facilement en 1 journée de marche. Nous le laissons chercher d'autres grottes pendant notre absence.

Mardi 17 Août - Gangtok
En attendant le trek et les permis, Baishung nous a loué un petit taxi pour visiter un monastère. Celui-ci est situé sur les hauteurs de Gangtok et la vue est assez belle. Ensuite nous avons visité un parc zoologique où les animaux de l'Himalaya sont présentés dans des grands espaces naturels. Du coup on ne voit pas grand-chose. Il y a des zones qui ne sont pas encore ouverte. Malgré tout, nous avons vu un ours noir, des léopards des neiges, un chat-léopard, des loups tibétains et un panda rouge. Nous avons pris des coups de soleil à travers les gros nuages. On avait également un très beau panorama de Gangtok ; perché sur une colline dans la montagne. Demain nous partons enfin voir des grottes.

Mercredi 18 Août - Sargong Pephu
Notre chauffeur s'appelle Nambi et a une tête pas possible. Le teint mat, un bonnet accroché à la tête et des yeux rouges ! Celui-ci nous achète des fruits ou nous emmène dans des petits bar pour boire du thé sur la route. En route pour la première grotte, il a plu tout le temps. Bien sûr les essuie-glaces de la jeep ne fonctionnent pas et c'est sous une pluie battante que nous avons emprunté le sentier menant au " lieu le plus sacré du Sikkim ". Première grotte sacré par Guru Rinpoché au VIIIème siècle (le deuxième Bouddha qui a convertie la région au Bouddhisme). Nambi fait sonner la cloche pendue au porche de la cavité et nous voilà partis topographier le réseau, après une brève reconnaissance. Il s'agit d'une grotte formée d'amas de blocs non calcaires. On y pénètre par une faille côté droit de l'autel, et en descendant sur une échelle taillée dans un tronc d'arbre. Cette faille se poursuit sur 10 mètres et l'on doit remonter en face, puis passer une chatière détrempée pour accéder à la salle principale. Toute la salle est recouverte d'excréments de chauves-souris. Ces dernières sont énormes et me font sursauter à leur passage. La topographie est difficile à réaliser dans cette salle d'éboulis. Les visées s'enchaînent sur des petites distances. Nous arrivons à pénétrer en dessous des blocs et atteignons une autre faille ainsi que des petites salles aménagées pour la prière. Des cairns et des dakas (écharpes votives en soie blanche) donnent au lieu une atmosphère étrange. On trouve aussi plein de pièces de monnaie, offrandes faites aux dieux. On découvre même un passage en chatière très spécifique. Dans une faille entre deux blocs et surmontés d'un autre, les pèlerins doivent ramper. S'ils y arrivent sans rester coincés ils sont purifiés de leurs pêchés. Dans le cas contraire, ils devront faire pénitence. La légende dit que si on les passe toutes, on sera purifiés pour toute la vie. Quelle chance, non ? On ne sera pas réincarnés en sangsues ou en cafard. Le reste de la topographie se poursuit tranquillement, à travers les frôlements de chauves-souris.
6 heures et demi plus tard, la nuit est tombée quand nous rejoignons notre guide au dehors. Deux enfants, portant des lampes à huile, l'accompagnent et sont intrigués de nos accoutrements. Nous allons jusqu'à la cahute d'à côté et passons une heure à boire le thé avec la famille. On nous a alignés au mur et à tour de rôle chacun trouve un prétexte pour venir voir ces étrangers puant la fiente et passant leur vie dans les grottes peuplées de serpents et d'esprits ... Ca les fait d'ailleurs beaucoup rire.

Jeudi 19 Août - Kangdosangphu
Nous sommes debout à 6 heures. Au menu du petit déjeuner, thé au lait de chèvre sucré et pain tibétain. Nous partons pour la grotte suivante. Celle-ci se trouve en contrebas de la route et l'on y accède par un sentier très pentu, puis un pont suspendu au dessus de la rivière. Bien entendu, le lieu est sacré, aussi nous passons saluer le moine qui en garde l'entrée. Un petit bonjour (tashi delek) et nous y allons. De grosses araignées zébrées noir et jaune nous barrent l'entrée un court instant, puis nous passons la grille donnant accès à un puits de lumière éclairant les rochers du porche d'entrée.
Immédiatement, nous remarquons que cette grotte est calcaire et s'est donc formée de façon karstique. Passé ce puits de lumière, et quelques marches, nous atteignons le véritable porche. Ici et là les parois sculptées témoignent du caractère religieux de la grotte. Ailleurs un bloc très plissé a été mis en évidence. Sans doute est-ce la représentation d'une divinité, ou de la mère nourricière, la matrice ... Au sol du porche, s'ouvre une conduite forcée. Une nuée de chauve-souris sort du petit conduit. On s'engueule donc un peu pour savoir qui doit y aller. Finalement, on s'arrange mais la grotte est décevante car nous ne topographions que 20m. Le pendage est important mais nous ne le suivons pas, nous le traversons. Au fond c'est remplit de terre. Il y a une peinture sacré au fond.
En redescendant la rivière Sangit, il y a quelques affleurements mais rien de significatif. Au dessus de la grotte, c'est la jungle impénétrable. Cette grotte fait également partie des 4 grottes sacrés du Sikkim. Dans la foulée nous visitons l'ancienne capitale du Sikkim, détruite par les népalais à la fin du XVIIIème siècle. Par la suite, elle fût plus loin de la frontière. Le retour à la voiture, sous le soleil de midi est un calvaire. Il fait tellement chaud que nous arrivons détrempés à la route. Heureusement une buvette nous ouvre les bras et restons un moment à regarder des joueurs de billard indien en sirotant un coca. Nous enchaînons ensuite avec la visite du monastère de Pemayangtse dans la soirée après celui du matin qui était de la branche tibétaine. Les nuages nous cachent les vallées 2000m plus bas, dommage pour les points de vues !

Vendredi 20 Août - Rimbi
Après nous avoir lâché à Rimbi, dans la vallée de Pelling, notre chauffeur nous laisse seul au petit matin avec quelques provisions. Nous attaquons le chemin de pierres qui monte abruptement. Dès 8 heures le soleil tape déjà fort et nos sacs sont sacs sont trop lourdement chargés. Comble de l'horreur, sans guide, nous nous sommes trompés de chemin et avons emprunté le plus difficile. La montagne intransigeante, la maladie ainsi que le soleil laisseront Fred redescendre. Nous nous allégeons donc de tout notre superflu avant de continuer. Un gamin qui nous suivait depuis la rivière nous guidera un peu dans la montée, puis dans une école perchée dans les hauteurs, l'instituteur désignera un petit écolier pour nous servir de guide. Nous redescendons nos 400m de dénivelés pour rien et trouvons une villageoise qui nous amène au premier village que nous deons atteindre, près de la rivière, après avoir passé un pont en bambous. Nous avons encore 600m de dénivelés à faire pour atteindre les 2, 3 maisons que l'on nous avait indiquées à Rimbi.
Nous arrivons dans une grande maison familiale où nous sommes accueillis par un grand-père. Il y a un endroit, petite pièce avec des bancs de bois, où nous pouvons passer la nuit. Apparemment c'est des cultivateurs de maïs. Nous en avons droit, grillé, avec du thé au beurre. Nous venons à peine de finir nos pâtes au réchaud que l'on nous emmène une pleine assiette de riz (avec des blettes ?) et des patates. De l'eau chaude pour faire passer le tout et un concombre énorme en guise de dessert. Le soir tout le monde mange dans la cuisine près du feu à même le sol. L'appareil photo numérique fait fureur. Le grand-père passe ses beaux habits et peu à peu toute la famille, ainsi que les gens de passage, prennent la pose. Les fillettes sont très intrigués par nous, elles n'ont sans doute jamais vu de blancs. Elle passent et repassent devant notre chambre et nous espionnent avec des grands sourires. Dès la nuit tombée nous nous couchons.

Samedi 21 Août - Dechenphu
Lever à 05h45 pour une très grosse journée en vue. D'où nous sommes nous devons atteindre la grotte 1200m plus haut à 3000m d'altitude. Petit déjeuner à base de maïs grillés et de thé au beurre salé pour nous mettre en jambe. Nous commençons la montée en forêt rendue pénible par les multiples sangsues qui nous attaquent. Rien n'y fait, le sang commence à couler de nos chevilles. Notre guide (le chef de famille des maisons) nous coupe des bâtons pour nous aider car nous peinons beaucoups. Vers 2400m nous bifurquons en suivant une crête et nous enchainons tant bien que mal la montée en montagne russe. Nous mettrons près de 4 heures pour atteindre la grotte sacrée par Guru Rinpoché. Celle-ci n'est toujours pas calcaire et ne doit pas dépasser les 20m de long. Dechenphu est un petit boyau rempli d'offrandes en tout genre. Pièces, tissus, coupelles, calices et divers objets hétéroclites. Une cabane non loin de là sert d'abris pour les pélerins et les chasseurs.
Nous redescendons après avoir mangé du fromage suisse local vers les petites maisons. Nous avons décider de retourner jusqu'à Rimbi d'une seule traite et nous ne nous arrêtons que très peu. Nous redescendons ensuite vers le village près de la rivière. Le reste devrait être facile car si l'on ne se trompe pas comme à l'aller, on va suivre la rivière jusqu'à Rimbi. Forcément, nous prenons d'abord le mauvais pont en bambous, une fois cette erreur réglée, le chemin se perd dans les plantations et nous nous trompons. Nous faisons du rab de montée et cela aggrave notre situation, les jambes sont très lourdes et les poses doivent se limiter à quelques minutes si l'on veut arriver avant la nuit. Nous trouvons une maison où des gens nous remettent sur le droit chemin et nous arrivons enfin à rimbi après 10 heures de marche intensive. Yann atteind ses limites de force par cette journée et il produit de l'acide lactique à en être malade. Près de 2000m de montée et 10 heures de marche pour cette première journée de marche ...

Dimanche 22 Août - Tashiding
Nous décidons de nous reposer pour pouvoir au mieux enchaîner nos 2 prochaines journées de marche. Nous traînons quelque peu à visiter des chutes d'eau puis nous arrivons à Tashiding. C'est une petite bourgade du centre du Sikkim. L'hôtel ou plutôt la guesthouse est rustique. Nous montons voir le complexe monastique en haut de la colline qui domine la ville. Celui-ci est riche en décoration, drapeaux à prières, chorten et il y a une très belle vue. Le soir tout le village est regroupé autour du temple et chante en choeur des mantras en l'honneur de Saï Baba. Un guru vivant, chef d'une secte hindouïste. Tout le village est là. Les boiteux, les lépreux et même une sorte d'éléphantman... de quoi tomber en transe en 5 minutes. L'autre expérience amusante de la journée fut la lecture du guestbook de l'hôtel. On s'est bien marrés à lire les " occupations " (activités professionnelles) des clients. Entre les psychologues, et autres docteurs ou étudiants, on découvre quelques pornostars, momo connoisseur, slacker, branle-quéquette, ventriloquiste et même un nécromancien. Nous avons relevé le défi et sommes devenus : gourou, cataphile et patissier-magicien.

Lundi 23 Août - Labdang
Yann n'ayant pas suffisament récupéré, Fred ne pouvait donc pas se désister et part avec Gaël vers la 4ème grotte sacrée : Larivingphu. Premier arrêt à Labdang, un village perdu à une heure et demi de jeep de Tashiding. De là, on devait faire 4 heures de marche, dormir à Rongdong et encore 6 heures de grimpette jusqu'à la grotte. Ceci étant posé, il n'était pas question de partir deux jours en jungle sans un guide. Aussi avons-nous râlé un peu après notre chauffeur pour qu'il nous en trouve un. Malheureusement, ce dernier ne parlait pas du tout anglais.
Nous voilà donc partis, vers 10 heures 30, sous le soleil. On est descendus de 400 mètres, passés sur un pont, remontés de 400 mètres et arrivés 2 heures et demi plus tard à un village où l'on nous a offert du thé au lait très fort en arôme pour un européen. Puis on est repartis vers la grotte et 4 heures et demi de montée dans les sangsues. C'était une expérience vraiment terrible. Le guide nous a donné des baies à passer sur nos chaussures et bas de pantalon, mais ce fût sans résultat. Elles étaient partout. Dans nos pantalons, nos t-shirts, cous, bras, jambes, dos... La montée était interminable. Il faisait chaud, humide, glissant et blindé de ces bestioles. Nos pantalons rougissaient du sang qui continuait de couler après qu'elles se soient laissées tombées, repues et pleines de sang. La nuit tombait sans que nous apercevions la moindre cabane où passer la nuit. Il va sans dire que nous n'avions plus d'eau non plus. De plus, le guide ne comprenait pas ce que nous lui demandions. C'est à 18 heures que nous avons atteint une sorte d'abri sans murs alors que la pluie commençait à tomber. Et c'est après avoir mangé un peu de nouilles que trempés et grelottant, nous nous sommes couchés sur une banquette mouillée, la tête couverte d'un kway, à espérer tomber dans le sommeil pour ne plus avoir à réfléchir aux bestioles qui grouillaient dans nos pantalons.
Yann, au chaud, en profitera pour topographier une petite grotte. 50m sous le monastère de Tashiding, il y a en effet une petite grotte d'environ 8m. Il la topographie, c'est toujours bon à prendre au point où on en est ...

Mardi 24 Août - Larivingphu
Réveillé à 5 heures du matin, encore trempé, on a préparé un petit déjeuner composé de thé à l'eau de pluie et avalé quelques gâteaux, sans oublier nos tablettes de protéines. Le guide avait dormi sur le banc d'à côté, enroulé dans une couverture. A 5 heures 30, nous avons entrepris la descente vers la rivière, une descente assez tranquille après ce repos. Puis nous avons attaqué la montée vers la grotte située à 2800 mètres d'altitude. Encore une fois, cette grotte fût une déception. Juste un gros chaos rocheux pollué de bannières votives et de drapeaux à prières. Après un petit repas, on a entamé la route du retour. Descente, traversée de la rivière, remontée à la cabane, pause, départ pour le chemin de crête dans la jungle dense vers Rongdong, passage de "sangsues land" dans la descente et arrivée à Rongdong vers 17 heures. Le tout sous une pluie battante. L'on s'est à peine arrêtés pour se protéger des sangsues que la pluie avait rendues folles, et c'est couverts de sang que l'on a déboulé à Rongdong. Les villageois effrayés et dégoûtés de nous voir ensanglantés et couverts de vermine nous ont quand même aidé à nous nettoyer un peu. Mais il fallait repartir avant la nuit vers Labdang, où nous attendait Nambi, notre chauffeur.
C'est la partie la plus difficile de cette journée. Descente vertigineuse jusqu'à la rivière dans la nuit tombante, passage du pont et remontée harassante des 400 derniers mètres de dénivelé sur des escaliers aux marches surdimensionnées. Un vrai casse-pattes ! Nous sommes arrivés au village sur les coups de 20 heures, complètement vidé. On a retrouvé Nambi, endormi dans la jeep et enroulé dans le sac de couchage de Fred, que l'on a réveillé pour qu'il nous ramène à Tashiding. Peine perdue, vu qu'il était ivre mort et que l'on n'a pas fait 20 mètres avec la voiture avant de s'embourber. Demi-tour donc à Labdang pour passer la nuit. La famille du guide nous a accueilli très chaleureusement. Nous nous sommes déshabillés et séchés à la chaleur de la cuisine familiale et la mère, une Lepcha rigolarde au nez percé, nous a apporté une bassine d'eau chaude et salée afin que nous nous lavions les jambes. Elles sont couvertes de croûtes et de grumeaux sanguinolants. La majorité des sangsues qui nous croquaient en arrivant avaient déjà été enlevées à Labdang, mais on en découvre encore qui nagent à présent dans la bassine devenue rouge écarlate. Tout le monde rigole, et Nambi me pose des bouts de papier journal sur les morsures qui ne cessent de saigner, alors que nous buvons un bouillon de thé, salé et poivré. Vient ensuite une omelette au piment vert, du dal, du riz et des légumes. Puis dodo dans la chambre de la fille du guide. Enfin, un vrai toit, un vrai lit et une nuit à l'abri.

Mercredi 25 au Vendredi 27 Août - Gangtok
Nous retournons tous à Gangtok pour préparer la suite du voyage et prolonger notre permis au Sikkim. Nous devons prolonger notre permis de séjour et négocier les zones, que nous pourrons parcourir, avec les autorités. Le sikkim étant une immense frontière, cela n'est pas facile. Au nord et à l'ouest, c'est le pays frère le Tibet mais aussi l'ennemi juré la Chine. A l'est, c'est le Népal, pays en guerre civile. Les militaires sont omniprésents. Les zones qui ne sont interdites par l'armée sont fermées car sacrées ... Cela est donc très compliqué pour organiser un voyage en dehors des sentiers battus.

Samedi 28 Août - Tsomgo Lake
Pendant la négociation des permis nous avons été voir une grotte près de Tsomgo Lake. Cette grotte est située à près de 3000m d'altitude. C'est une petite résurgence dans le Gneiss : Shiva Cave. Nous sommes montés ensuite vers le lac 15 kilomètres plus haut. Celui-ci est situé à 3780m et la température s'en ressent. On a pu voir également des Yacks qui ne vivent qu'au dessus de 3000m généralement. Les nuages, la pluie et le brouillard nous ont gâchés la vue et les photos. Les sangsues nous ont bouffés un peu partout à cause de la pluie : lèvre, cou, aisselle, cuisse et jambes. On les a enlevés avec un couteau et du sel à l'endroit où nous avons mangés dans une petite ville de garnison. Nous étions à seulement une vingtaine de kilomètres de la frontière tibétaine à l'est. Il y avait des baraquements et des militaires tout au long du trajet. D'ailleurs seulement un côté du lac était autorisé, l'autre c'était la route vers la frontière ...

Dimanche 29 Août - Singhik
Nous partons pour Singhik ce matin. C'est à une soixantaine de kilomètres au nord de Gangtok mais avec les routes de montagne à moitié effondrée et défoncées, nous mettons plus de 3 heures. Nous passons la ville principale et atterrissons dans un petit bled. Presque personne ne parle anglais. Nous sommes logés dans un lodge où presque personne ne doit s'arrêter... La grand-mère, tibétaine, et ses 3 enfants ne parlent pas du tout anglais, ce qui ne l'empêche pas de nous tenir des discours auxquels nous ne comprenons rien. Nous sommes logés et nourris quand même. En nous baladant, nous sommes tombés sur la fin de la route alors que c'est la seule qui part au nord. Un énorme glissement de terrain l'a emportée ... D'après nos infos, cela va mettre plus de 15 jours à être réparé. Les grottes que nous voulions voir se trouvent derrière malheureusement. On peut quand même passer à pieds et reprendre une jeep derrière mais c'est compliqué. On verra demain des grottes près d'ici et on ira voir l'avancement des travaux. Le soir, la grand-mère nous prépare à manger (riz, dal et oignons pimentés) et nus en écrivons notre journal en regardant la télé. Encore une pure production de Bollywood qui faire pousser des " oh " et des " ah " à notre hôte.

Lundi 30 Août - Singhik
Nous avons pris rendez-vous avec un " guide " ce matin. Celui-ci jouait au foot, sur le terrain de volley ... C'est un gamin du village qui avec ses amis nous ont montré les grottes de Singhik. Ils parlent un peu anglais. Les grottes sont dans du Gneiss et du Mica-schiste. Juste avant nous des gens avaient déposés des offrandes (fruits et légumes généralement) dans les grottes que nous avons vues. Nos petits chapardeurs de guide mangeaient toutes celles qu'ils trouvaient ! L'après-midi nous sommes partis à Mangan, la ville précédente, trouver un guide et les autorisations pour la grotte " calcaire " des villes d'après mais c'est encore férié aujourd'hui et rien n'est ouvert. Les policiers jouent au billard indien et n'ont pas l'air d'en savoir plus sur les autorisations. La banque indique qu'elle ne fait pas le change (apparement on ne peut en faire qu'à la capitale) et nous en avons juste pour payer notre chambre ... nous négocierons avec nos guides qui doivent venir de Gangtok pour notre séjour dans le nord.

Mardi 31 Août - Myang Chu Phu
Aujourd'hui, nous sommes partis à pied vers Tong et Manul. Deux villages entre lesquels on devrait trouver une cavité sacrée avec des concrétions. Enfin, peut-être une grotte karstique ! La route au-delà de Singhik étant coupée par le glissement de terrain, aucune voiture ne peut traverser le torrent qui remplace à présent la route. On est donc passé à pied et on a filé vers Manul sous le soleil de plomb. Le glissement de terrain est vraiment impressionnant. Tout un pan de la montagne s'est effondré sur la route, qui a fini sa chute plusieurs dizaines de mètres en contrebas. Les népalais, dédiés aux travaux routiers, s'affairent à réparer tant bien que mal les dégâts, mais ni la présence massive des militaires, ni les bulldozers tuberculeux ne font avancer le chantier. Cela fait deux semaines que c'est arrivé, et les camions sont toujours déchargés d'un côté puis rechargés à dos d'hommes de l'autre côté.
C'est donc avec les chaussures couvertes d'une boue argentée du plus bel effet, que nous avons atteint Manul, au terme de 12 kilomètres de marche. Un passant nous indique la grotte, quelques kilomètres plus loin. On demande confirmation à des militaires en poste au bout du village. Mais ceux-ci ne comprennent rien, et nous indiquent une superbe cascade à 3 kilomètres, Myang Chu. Celle ci se déverse sur la route et nous abrre littéralement le passage. Seul les véhicules arrivent à passer. On trouve refuge sous le porche du téléphérique qui permet d'alimenter le village lorsque l'eau est trop forte, le temps d'une averse de mousson. Plusieurs voitures passent sans s'arrêter et nous décidons de sauter à l'arrière d'un camion pour traverser le torrent qui nous barre la route. Gaël saute en premier, rattrapé par Yann et Fred profite d'un ralentissement du chauffeur pour grimper à son tour sur le chargement, et nous passons la cascade dans une énorme gerbe d'eau soulevée par le camion. Nous finirons le reste du chemin à pied jusqu'à Tong, soit 6 kilomètres sous la pluie. Tong est la " ville " au-delà de laquelle nous ne sommes pas autorisés à aller, pour cause de permis. Les militaires du check post nous le rappellent gentiment et nous décidons de chercherà manger et par la même occasion un guide dans le village de tôles népalaises du dessus. Nous repartons vers Myang Chu et son torrent où l'on atteint la grotte peu avant la casacade dans les hauteurs. Elle est vraiment concrétionnée, mais toujours dans le gneiss. Les concrétions sont dues à un dépôt de calcite provenant du ruissellement des eaux de pluies à travers un bloc calcaire bien au-dessus que nous ne trouvons pas. C'est quand même une très belle faille.
Au retour, nous avons dégusté un sacro-saint thé au lait et au beurre salé, vraiment pas terrible. C'est au moment où, lassés d'attendre une voiture nous avons traversé le torrent de la cascade à pied (les chaussures autour du cou, et de l'eau rugissante jusqu'aux cuisses), qu'apparaît une camionnette de népalais pour nous prendre à son bord. Le chauffeur ne semble avoir peur de rien, et c'est en priant dans un peu toutes les religions que nous traversons le glissement de terrains de Lantah Khola. La route est ouverte aux plus téméraires, ou aux plus pressés seulement. "You have tasted Coca Cola and Pepsi Cola ? Let us give you the taste of Lantha Khola" est-il inscrit sur une pancarte avant de passer le landslide... sans doute de l'humour sikkimais. Cela doit faire 3 jours qu'un camion de poulets attend de passer, et les animaux morts commencent à s'entasser sur les ridelles. C'est encore loin d'être stabilisé, mais ça passe...(Om namah Shivayah...Om...).
On a passé la soirée chez l'épicière de Singhik qui est aussi institutrice... Il faut bien gagner sa vie, et l'éducation nationale sikkimaise ne paye pas des masses. Et c'est à coup de papier carbone et de stylo Bic qu'elle prépare les exercices de l'examen de fin de trimestre de ses 130 élèves. On est restés là à discuter avec elle de tout et de rien. Un bien agréable moment après cette journée.

Mercredi 1er Septembre - Lingdja
Nous avons attendu nos guides toute la journée mais ceux-ci sont arrivés tranquillement en fin d'après-midi, sans trop sans faire. Ils sont assez jeune et à la mode ... Leur 4*4 est plus gros que la dernière fois et les guides écoutent Eminem à fond ! Nous n'avons plus d'argent et eux n'ont en pas beaucoup non plus pour notre périple dans le nord du pays. On va devoir se serrer la ceinture .... Nous sortons rapidement de la route principale et les routes deviennent presque des chemins. La pluie n'a pas arrêté de toute la journée et elle devient allégrement rivière sur la route. La nuit tombe, la voiture roule très vite et impossible de croiser des voitures sur ces routes. Nous passons très près du ravin et enjambons les glissemnts de terrain tant bien que mal. Il faut s'arrêter souvent pour évaluer la route avant de franchir les obstacles. Nous sortons également pour enlever les arbres et bambous nous barrant le chemin. Nous avons débarqué, c'est le terme, dans une école monastique où le maître nous a installés dans une des 2 salles de classe pour la nuit. Nous avons passé la soirée dans sa chambre, autour d'une tasse de thé, à discuter de nos projets du lendemain et du Tibet. Puis nous avons assisté aux prières du soir des petits moines. Agés de 3 à 15 ans, ils étaient rassemblés sous la véranda pour réciter des prières chantées. Tandis que les grands donnaient le ton, les plus petits répétaient inlassablement les mantra en s'endormant. Nous nous sommes endormis dans nos duvets sous une nuée d'insectes, d'araignées et autres sangsues ...

Jeudi 2 Septembre - Tollung
Lever à 05h00 par les chants des moinillon juste devant notre porte. Ceux-ci ont un planning chargé puisqu'il commence à 04h00 du matin (nous avons eu droit à une heure de rab) et finit à 20h30. Les cours sont ponctués de séances de prières. Les écoliers Français n'ont qu'à bien se tenir.
Nous partons pour 05h00 de marche vers le monastère de Tollung réputé pour garder des reliques de Guru Rinpoché. Nous avons badigeonnés nos chaussures de chaux pour éviter les sangsues et ça a l'air de marcher. Nos guides en tongs s'en sont badigeonnés les mollets et les pieds mais avec l'eau, elles attaquent les zones vierges. Nous avons aussi un moine comme guide local. Nous commencons à être fatigué après 1 mois de voyage et la montée devient difficile. Celle-ci est nénmoins très belle car nous alternons les zones de montagne avec les zones boisées et nous longeons une partie de la rivière. De plus, il est rare que les étrangers soient autorisées d'aller à ce monastère. Nous sommes les seuls en 2004 à avoir été autorisés.
Arrivé à Tollung, nous déposons nos affaires dans un local avec un coin pour le feu en bois. Ce monastère est entouré de maisonnettes en bois, où vivent des paysans. Comme partout ailleurs, les vaches et les chevaux sont laissés libres d'aller et venir et on patauge allégrement dans la boue et les excréments. Nous laissons Fred tenter d'allumer un feu avec le bois humide et repartons pour 3/4 d'heure de marche jusqu'à la grotte. Celle-ci est dans du calcaire comme on nous l'avait décrit mais est assez petite. C'est un méandre avec des parois en escalier. La falaise toute entière est parcouru de couches minces plus dure qui ressortent légèrement. On dirait des empilements de livres, la légende est donc vrai. De l'eau coule dans ce petit méandre et se perd dans les blocs.
Nous redescendons vers Tollung pour sécher nos vêtements car il a plu toute la journée mais le bois humide ne crame pas facilement ... Nous envoyons nos sangsues au feu, cela nous venge un peu de ces maudites bestioles. Nos guides nous apportent en guise de repas une bière tibétaine avec des biscuits secs. Celle-ci est bonne contrairement à celle que nous avions bu à Gangtok. Elle est plus fine, sucrée et à goût de baies ou de fruits. Nous dormons avec nos guides autour du feu dans une minuscule pièce de 6 m².

Vendredi 3 Septembre - Lachen
Gaël s'est réveillé avec une énorme sangsue sur la joue ... de plus la nuit aura été assez dure sur le bois humide de la cabane. La descente vers la vallée s'est faite en 4 heures et nous sommes redescendus sous la pluie avec des villageois. A notre arrivée à l'école monastique, une douche froide et un repas préparé par les moines nous ont remis d'aplomb. Nous avons attendu un peu car apparement la route que nous avions prise pour venir s'est éffondrée entre temps. Finalement nous sommes repartis mais il a fallu déblayer les rochers tombés sur le chemin et aider les népalais à dégager la boue qui nous bloque le passage. C'est à trois reprises que nous avons dû prêter mains fortes et cela prendra plus d'une heure et deux tentatives du 4*4 avant que le gros effondrement puisse être passé.
A la tombée de la nuit, nous sommes repassés par Singhik, où nous avons repassés Lantha Khola à pied. La route venait de nouveau de s'affaisser. De l'autre côté, une jeep nous attendait et nous avons passés par le checkpoint de Tong afin de viser nos permis pour le grand nord et passer la nuit à Lachen.

Samedi 4 Septembre - Tangu
Nous montons encore plus au nord jusqu'au dernier check-post avant la zone frontière interdite vers le Tibet. Tangu est à environ 3900m d'altitude. Nous insistons fortement pour avoir la clé de la grotte-ermitage d'alexandra david-neel, notre but dans ce secteur. La zone est un vaste terrain militaire autour de quelques maisons et d'un monastère en construction. Nous grimpons dans une zone montagneuse, cela change des forêts remplis de sangsues dans les basses altitudes. (<3500m). Les fleurs, les arbres, la végétation est vraiment très belle, on se croirait dans les alpes parfois. Il y a des Edelweiss les conifères remplacent la jungle. Nous arrivons à la grotte situé à 4107m d'altitude. Point le plus élevé de notre expédition. Cette grotte est en fait une cabane construite devant un grand abri sous roche mais est empreinte d'histoire. Alexandra David-Neel y a méditer pendant 3 ans avec le roi du sikkim. Nous tentons de négocier avec les militaires l'accès à Gurudongmar Lake. Le chef, un vieil indien en uniforme, mais accommodé à la sauce locale : barbe de 3 jours, tongs aux pieds et sous-pull bleu électrique a promis de la prison à nos guides si nous tentions l'ascencion et réussissons à passer les barrages .... Du coup, nous sommes rentrés à Gangtok !
6 heures de virages négociés à fond, de routes défoncées et effondrées comme d'habitude nous achèveront pour aujourd'hui. Nous passons sur des endroits où la route est descendu de plusieurs mètres entre nos 2 passages. Le chauffeur pas inquiet met les roues en mode 4*4 et passe. "Lantah Khola ?" demande notre chauffeur à un indien en arrivant près de celui-ci. "Personne ne passe mais tu peut essayer, si tu veut" répond celui ci. Nous y allons bien accroché au siège et passons tant bien que mal .... Nous félécitons naturellement celui ci et un large sourire fait place aux crispations. Nous passons prendre un thé sur la route dans la famille de ce dernier. Ce sont des chrétiens, cela nous étonne beaucoup d'en trouver par ici et comprenons qu'un membre lointain de la famille doit être un vieux colon Anglais ... Nous sommes accueillis par tous les frères et regardons les photos de famille autour d'un mister freeze à la mangue fait maison. Nous arrivons en pleine nuit à Gangtok.

Dimanche 5 au Mardi 7 Septembre - Gangtok
Repos bien mérité à gangtok. Yann en profite pour passer chez le barbier et Gaël chez le coiffeur. Nous faisons également une séance de cinéma avec un film récent de Bollywood. Mélange de comédie musicale et de cascades de motos. Mardi nous partons pour Kaluk, petite ville du sud pour visiter nos dernières grottes et entamer notre retour vers Calcutta.

Mercredi 8 Septembre - Kaluk
Nous partons vers Hee Burmiok pour visiter les grottes Shri Janga. Nous prenons un guide du village le plus proche. Celui-ci commence d'abord à nous guider vers une autre grotte dans les hauteurs, nous réalisons d'après le peu d'informations que l'on a que ce n'est pas celles que nous voulons voir, du coup nous redescendons vers le village. De là nous continuons la descente vers la rivière 700m plus bas. Nous pensons déjà à la montée du retour ... Le guide se perdra vers la fin et taillera un chemin dans une végétation dense avec des plantes "very dangerous" selon ses dires. Nous retombons sur un chemin à peu près potable. Le guide nous amène à un auteul taillé dans un rocher mais refuse catégoriquement de nous amener à la grotte. Nous la localisons et tentons d'y aller tout seul laissant le guide en plan près de la rivière. Nous sommes beaucoup plus bas que la grotte et remontons pendant 1/2 heure mais nous ne l'atteignons pas. Nous sommes sur son flanc gauche et maintenant au dessus de celle-ci.Le guide nous rejoindra et nous fera comprendre qu'en cette période, il y a trop d'eau pour rentrer dans la grotte sous la cascade. Dommage cela avait l'air intéressant. Nous remontons donc vers le village. Montée très harassante mais nous avons la satisfaction de savoir que ce sera la dernière de notre séjour. Nous retournons à Kaluk à pied faute de croiser des voitures, nous nous pressons malgré la fatigue car nous devons prendre un bus pour Darjeeling. Nous avions mal compris apparemment (où bien nos hôtes voudraient nous garder un nuit de plus) et il n'y a pas de transports en vue. Nous tentons de négocier mais nous ne sommes pas en position de force et n'avons pas assez d'argent pour payer le racket de la seule jeep disponible. Nous partons donc en stop avec nos gros sacs sur la route et arrivons finalement jusqu'à une ville du sud : Jorethang. Elle est très basse en altitude et il y fait très chaud, cela prépare notre voyage du retour vers Calcutta.

Jeudi 9 Septembre - Darjeeling
Nous remontons quelque peu vers Darjeeling ce matin où la température est plus clémente. Nous passons voir, en haut de la ville, une grotte que l'on nous avait citée. En fait, cela était simplement un rocher taillé de divinités. La colline était parcouru de brumes et de singes. Une atmosphère particulière y régnait donc. Un indien nous orna d'un point rouge sur le front et nous fîmes nos achats de thés. Dernières flâneries en altitude avant de rejoindre la " vraie " Inde surchauffée ...

Vendredi 10 Septembre - Toy train
Dès 09h30, le " toy train " démarrait pour arriver à 19h00 à NJP. L'écartement des rails est minimum (60cm) et il descend de Darjeeling jusque dans la plaine du Bengale, soit 2000m de dénivelés. Il ne peut pas prendre de gos virages et fait donc quelques marches arrières pour changer de niveau dans la montagne. Il y a également deux boucles de 360° pour cela. Il suit presque toujours la route et la coupe allègrement à chaque virage. Nous mettrons 09h30 pour faire un peu moins de 80 kilomètres. Nos arrivons en Inde, la vraie ! Pas celle des montagnes, des brumes et des asiatiques... Non ! L'inde des indiens, des bengalis et des trains surchauffés. L'inde des gens qui se bousculent et qui hèrent ça et là dans une atmosphère moite ... Une heure après être arrivée, nous reprenons le train pour Calcutta. De 20h à 08h du matin sans les retards. Nous aurons donc passés 24h dans le train !

Samedi 11 au Dimanche 12 Septembre - Voyage
Calcutta. On a beau s'y être un peu habitué à l'aller nous redoutons toujours cette mégapole ... Nous sommes mieux acclimatés quand même et nous balladons plus allégrement. Nous y passons quelques heures en attendant notre avion. Nous les mettons à profits pour passer voir le vendeur de lampes acétylène Indien puis nous nous envolons à 18h00 vers Paris via Bombay.